Le sixième journal est une tentative d'autobiographie -très sommaire, mais très construite aussi à sa manière- et traversée d'une notation fulgurante. On en possède deux versions : Ariane l'a recopié avec de minimes variantes.

Voici la seconde version, qui va jusqu'en décembre 1975 :

J'ai sept ans 1/2. Je vous raconte ma vie qui va être très aventurée. Je n'étais pas encore née quand déjà maman travaillait. En 1972 je n'avais que 5 ans. J'allais dans l'école de la monte brûlée. Je mangeais à la cantine et j'avais des habitudes quand on mangeait des yaourts les soeurs n'avaient pas le temps de les sucrer, alors je prenais du sucre. Je m'amusais devant les autres, mais je ne mangeais qu'avec la crème. Puis un jour je changea d'école et puis rien.

1975. J'ai 8 ans. Je recommence. Dans la classe certains vilains enfants me firent du mal. Alors je me vengea contre les autres, les gentils (gentilles), ainsi vient la misère de partout.

Le dimanche 25 mai (la fête ce n'est qu'un jour stupide, je repars dans l'éternité) bête [ flèche pointée vers la phrase précédente ].

1er août 75.

dimanche? décembre 75. Maintenant [ça] va très bien à l'école. J'ai changé de classe. CE2. Mais notre maîtresse nous bat. C'est bientôt Noël. Maman est célèbre presque comme Belmondo.

 

Cette version présente des éléments de structuration forts : le début et la fin inscrivent nettement la vie d'Ariane-Annick à l'intérieur de la vie professionnelle de sa mère, dont elle est très fière. Le texte, adressé à un lecteur, est garanti aussi passionnant qu'un livre d'aventures. Et surtout son développement interne esquisse une histoire, celle de ses relations difficiles avec les autres enfants à l'école; histoire dont on devine qu'elle est capitale et dont elle parle avec une lucidité sidérante en analysant le cycle infernale de la violence qu'elle perpétue en se vengeant.

 

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