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LES HISTOIRES DE VANIE ET DENIS

 

 

 

 

"4. Plusieurs documents": une évasion ratée

1977-1978 - Annick : j'ai 10 ans

L’histoire illustrée n°4."Plusieurs documents" a été retranscrite par Melle Céline Aguer, étudiante, dans le cadre de sa 2ème année de Master de lettres : «Poétiques et Histoire littéraire», en complément de l’étude qu’elle a faite sur les manuscrits d’Ariane Grimm.

             Pour lire son MÉMOIRE  DE RECHERCHE - UE11  :  Cliquer ICI).

Cette histoire raconte l’évasion qu’Ariane avait imaginée à la suite de deux séjours en colo, l’un pendant les vacances d’été, l’autre en classe de musique organisée par l'école, au cours desquels elle s’était ennuyée, désespérée, avait pleuré sans cesse ainsi qu’en témoignent les longues lettres que, chaque jour, elle envoyait à sa mère. C'est d'ailleurs à ce moment-là, en septembre 1977, qu'elle commença à écrire son journal qu'elle appela "cahiers de mémoire" (17 cahiers).
Au début de sa retranscription, Melle Aguer écrit : « On peut voir que le début est quelque peu chaotique: plusieurs petites histoires, petits bouts d'histoires sont racontés (sous la forme d'épisodes) jusqu'à l'histoire principale: Vanie part en colonie avec sa classe ».

 

 

J’ai dix ans en 1977-78

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Voici ce que j'ai fait et ce que je ferai:
[Note collée au cahier]
1. La colère.
2. Histoire de Vanie.
3. Vanie et Denis.
4. Plusieurs documents.
5. Une vie habituelle.

UNE VIE HABITUELLE (Il ne s’agit pas de « Une vie habituelle », histoire n°5 de Vanie et Denis mais de l’histoire n°4 « Plusieurs documents ».)

1er épisode
Vanie et Denis nos deux amis. Vanie la fille avait 9 ans 1⁄2 et Denis le garçon 10 ans 1⁄2. Vanie avait un caractère très gentil mais elle rapportait un peu [et] elle rendait les farces qu'on lui faisait.
Denis lui, il était assez farceur, très vif, ayant besoin comme Vanie d'une grande énergie. [Illustration: Vanie, Denis et Itosse le chien]
Vanie et Denis avec leur chien Itosse un setter irlandais, avaient des parents qui s'appelaient, le père: Jean [et] la mère: Nicole. Tous habitaient près de Paris et ils avaient aussi une maison de campagne en Normandie: dans la maison de campagne, il y avait un lit superposé, [plus trois] lits en plus pour [les] amis que tout le monde appelait les lits boudous, puis un grand pour les parents.

2e [épisode]
[Illustration: une écriture peu appliquée, celle de Denis et une autre très soignée, celle de Vanie] Quelle est la plus appliquée? Celle de Vanie ou Denis ? Alors, dans la classe de Vanie en CM1, elle était la meilleure et Denis dans la classe de CM2, Denis était le dernier. Les parents de Vanie et Denis étaient bouleversés par ça puis tout s'arrangea.
(Le nom exact de la ville est Coulonges-les-sablons.)

3e [épisode]
Quel travail ! aidons Vanie.
[Multiplications]
Elle a eu tout juste: les parents dirent: «C'est bien!»
La classe
Il y avait dans la classe un garçon très bête qui adorait mentir, il dit: «Mon père avait acheté une [Renault] en 1867 et moi à 25 ans j'ai acheté un dragon, maintenant je suis allé à Versailles et j'ai 6 ans. A Versailles j'ai mis trois vieux papiers dans la corbeille à fruits et des fruits dans celle à papiers. A ce moment en 1977, alors qu'on était en 1325, mon père Vercingétorix arriva avec l'éventail de sa femme Marie-Antoinette qui avait eu la tête coupée, comme c'est ma mère, je lui ai recousu avec de la colle-scotch et j'ai changé de père, maintenant c'est César. »
[Portrait de Vanie] :

4eme [épisode] C'est un portrait que Denis adore: c'est sa sœur Vanie. Il l'aime bien, tous deux font des choses intéressantes.

3eme [épisode] (reprise de la petite histoire du garçon bête) Paul le garçon bête alla faire un tour dans la rue.

4eme [épisode] (Ariane entremêle plusieurs petites histoires (épisodes), elle procède par digressions.) Vanie pendant les grandes vacances partit dans une colonie.
Cette colonie était mystérieuse. Vanie avec des copines de classe partirent. Elles dormirent dans la colonie dans une cave. Quelle colonie!

2eme [épisode] Dans la classe de Vanie et Denis: le prof de chant était aphone. Le prof de gym s'était cassé la jambe en ski, celui de dessin était malade alors ce n'était que du travail.
[Illustrations: des personnages puis deux dessins concernant la colonie (Vanie et Nathalie)]

Vanie et Denis participèrent à un concours. (Cf. l'illustration de la page 9: le parcours-concours)

3eme [épisode] (Reprise de la petite histoire du « garçon bête »). Comme il faisait un tour dans la rue avec Vanie et Denis il vit un petit garçon et il cria: «Oh! un grand petit mince gros garçon fille! »; alors les enfants continuèrent et ils se quittèrent[.]

6eme [épisode] [Illustration: beaucoup de personnages]
Puis tout se termina bien. Ce fut Nathalie la meilleure amie de Vanie qui fut ex aequo au parcours avec une autre fille, elles gagnèrent un paquet de bonbons.

 

Vanie et sa classe partent en classe de verdure (la colonie mystérieuse).

En route! Après de grands adieux à sa mère Vanie monta dans le car le cœur battant et s'assit à côté de Nathalie. Elle attendit cinq minutes dans le car pendant que les maîtresses [Ariane les dessine] chargèrent les bagages dans le hangar [les soutes du bus] aidées par des femmes, le chauffeur et les parents.
Le car démarra. Vanie pleurnicha puis quand l'engin eut fait cinq minutes de route, Vanie commença à parler avec Nathalie occupée à regarder le paysage défiler. Le voyage jusqu'à la gare fut long à cause de la circulation.
Vanie s'ennuyait. La tête tombée, les mains en sueur elle admirait le numéro de la place devant elle et la poignée du cendrier. Ce n'était pas gai. Enfin le car s'arrêta devant un immense bâtiment et on fit descendre les enfants deux par deux sur le bord de la gare. [Cf l'illustration page 15: Vanie et Nathalie demandent à la maîtresse d'être ensemble tout le temps. Réponse: « Oui. »]
La bousculade marche bien. Les enfants poussaient de tous côtés, pendant que les autres essayaient de descendre de leur siège. Les voitures encore passaient. Le chahut régnait. Le voyage dans le train ne se passa pas trop mal et Vanie arriva dans la colonie.

C'était moche sombre. Pendant cinq jours elles s'ennuyèrent, alors elles essayèrent de s'échapper. Vanie et Nathalie se cacheraient pendant la promenade et sortiraient du rang en vitesse, retourneraient dans les dortoirs pour prendre les valises (faites) [Cf l'illustration page 16] et partiraient au village avec leur argent de poche, prendraient un taxi pour les amener à la gare. Le matin de cette aventure, elles étaient bleues de peur, elles firent le plan et d'un bond elles retournèrent au centre, leur cœur battait. Les cuisinières les remarquent mais [elles] se disent qu'il devait [y] avoir une raison. Nathalie poussait des cris indéfinis. Vanie, les yeux ronds la bouche grande ouverte fonçait pour ne pas se faire remarquer. Nathalie se croyait dans les 24 heures du Mans, elle n'avait plus conscience presque. Enfin Vanie lui dit d'attendre sur le pallier de l'escalier qui montait au dortoir. Nathalie pleurait de peur, Vanie [les] mains écartées comme un canard montait les marches quatre par quatre. Sans souffler, elle se précipita dans le dortoir pour prendre les valises. [Cf les illustrations de la page 18 à la page 22.]. Vite! elles coururent ensuite toutes [les] deux jusqu'au village sans respirer. Leur angoisse était telle qu'elles auraient pu gagner un concours de moins respirer. Enfin elles prirent un taxi (il y en avait plein sur la place) et elles prirent un air décontracté mais le chauffeur les voyant si essoufflée se demanda s'il n'y avait pas [quelque] chose. Le visage crispé des petites filles l'étonna, il dit: « C'est où que vous allez? »
Vanie - A la gare.
Le chauffeur - T'es sûre que tu as assez?
Vanie - Ça coûte combien?
Le chauffeur - Dans les vingt francs.
Nathalie - Nous aurons assez.
Le chauffeur - Bon bon j'y vais.
Vanie connaissait l'heure des trains.
Vanie - S'il vous plaît monsieur, nous sommes très très très pressées; pourriez-vous aller vite?
Le chauffeur - Du calme, du calme, les petites, j'ai presque plus d'essence! Je veux bien faire du 60 km à l'heure mais attention ça va coûter plus cher! Vanie fit la moue. Son cœur battait de plus belle. [Les pages 28 à 31 du manuscrit ne comportant pas de dessin ne sont pas présentées] Enfin, après quelques minutes de route le taxi arriva à la gare, elles arrivèrent à 5 h 55 à la gare. Le train couchette prochain était à 6 h 17. Vanie et Nathalie le prirent, elles regardaient partout si on ne les avait vues. Le train arriva. Comme d'habitude ce fut la bousculade permanente. Vanie et Nathalie se mirent sur la même banquette, elles se disputèrent pour se mettre du côté opposé au vide car elles s'étaient mises en haut, enfin Vanie céda sa place.
Le train ne démarrait pas. Les filles pensaient que les monitrices ou les maîtresses eurent [auraient eu] le temps de venir mais aucune ne savait où les manquantes étaient passées.
Au centre ce fut la bousculade. Les maîtresses poussaient des cris et appelaient la police pendant que les bruyantes classes hurlaient cette perte. Les monitrices essayaient de tenir le calme parmi les enfants. Les filles de leur chambre fouillèrent dans leur placard, c'était vide. Donc nos filles devaient s'être échappées se dirent les monitrices et les maîtresses. D'ailleurs, elles se plaignaient du centre. Les cuisinières racontèrent ce qu'elles avaient vu. Plus de doute, Vanie et Nathalie s'étaient échappées. On envoya la police les chercher partout.
Le train démarra, Vanie et Nathalie comprirent qu'on les cherchait. D'un seul coup des gens cognèrent dans le wagon et on entendit la police demander: «Vous n'avez pas vu deux petites filles ? L'une portant une jupe plissée (Nathalie) et l'autre un pantalon avec une coiffure nattée (Vanie).» Une grand-mère répondit: «Certainement messieurs! Elles sont dans le compartiment hum ... 6. Voilà le compartiment 6. »
- Merci bien madame.
Nathalie bondit. Que faire? Vanie voulut sauter par la fenêtre mais le train était déjà parti depuis un quart d'heure. Vite! Devant le policier lui- même, Nathalie fonça comme un lapin dans un autre wagon suivie de Vanie qui poussait des hurlements. Deux policiers s'écrièrent: « Nous les tenons! »
Vanie et Nathalie continuèrent de galoper plus vite qu'une voiture de course et au dernier wagon, ne sachant plus où aller, elles s'enfermèrent dans les toilettes. (Cf l'illustration page 33). Les deux policiers s'en aperçurent. Vanie pleurait de toutes ses larmes. C'était fichu.

 

La suite de l'histoire que l'on peut imaginer (le policier qui trouve les deux fillettes, leur retour au centre, aïe, aïe aïe) est suggérée dans les illustrations à la fin de cette histoire...

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