nouveautés
accueil
menu principal

LES MOTS D'ARIANE ÉCRITS À LA MAISON EN 1978... DONNÉS OU CACHÉS

 

4. Tu me fais mal.

Terriblement personnel

mort aux curieux...
de Annick à Gisèle Grimm un jour...
Lettre écrite le 19-5-78

Chère Gisèle,

  Serait-il difficile pour toi de le croire, mais nous sommes bien en 1978 (le jour où j'écris cette lettre). Je te l'écris pour te dire qu'aujourd'hui nous sommes un jour où je ne vais pas à l'école car je n'ai pas envie. Tu as bien voulu ne pas me laisser y aller mais en échange, tu piques ta crise habituelle. Tu m'as donné un coup de pied important. Je ne te le dis pas mais tu me l'as lancé en plein dans le dos, un peu plus bas même. Cela me fait très très mal, surtout à ma jambe dans le bas du dos.
  Je crois que le Docteur Spaume n'a pas conseillé les coups de pied d'une grande personne terriblement en colère à un enfant qui a une maladie. Secondo, je n'aime pas qu'on me renverse mes plantes. Je n'aime pas non plus qu'on casse les assiettes pour un oui ou un non.
  Je voulais simplement débarrasser la table et tu t'es mis en colère juste pour ça. Je fais exprès des fautes importantes.

   Quand tu veux que je sorte au Jardin des Plantes ou quelque part, ce n'est pas la peine de casser des objets que j'aime. Papa me sort dehors et me parle de quelque chose que j'aime mais il ne casse pas les assiettes et les verres un à un.
  Je pense que tu ne dois pas être contente de ma lettre de reproche. Je te la donnerai le jour de mes 12 ans (j'ai le temps, ça fait 11 jours que c'est mon anniversaire), donc le jour de mes 12 ans quand tu te seras habituellement mise en colère.
  Sûrement tu ne croiras pas que je l'ai écrite ce jour là. Cela ne fait rien, tu ne me crois jamais. C'est d'ailleurs pour ça que je me mets à pleurnicher dès que je croyais que tu ne me croyais pas.
  Tu penses que je fais exprès des bêtises, alors évidemment pour les assiettes, elles rejoignent vite les poubelles. Peut-être en lisant ma lettre tu te mettras terriblement en colère. J'espère n'être pas là ce jour. A moins que tu travailles, je te donnerai la lettre le mercredi.

 J'espère que tu changeras. Ça ne peut plus durer. Peut-être que je te donnerai la lettre bientôt car je ne résisterai pas - ou jamais car je  pourrais oublier.
 Je suis malheureuse. S'il pouvait y avoir plusieurs Annick, ce serait bien.
Cet après-midi, quand tu m'as demandé d'ouvrir la fenêtre pour y secouer le tapis couvert de cristaux d'assiettes, tu m'as roué de coups sous les râlements. J'avais envie de sauter de la fenêtre mais comme papa n'aimerait pas que je meurs ou que j'aie la jambe cassée, j'ai renoncé. J'aurais eu ce sang froid. J'aurais sauter.
Je sais que je n'aurais pas pu me tuer mais cela t’aurait fait peur le but de mon suicide. Je me serais simplement retrouver à l'hôpital.
  Je suis méchante mais tu me fais mal. Tu me fais pleurer. Tu casses, tu as cassé ma plante. Tu m'as fait MAL.

Au revoir 
Annick (Ariane)
  

Si tu ne crois pas que j’ai écrit la lettre aujourd’hui, tampis.
Nous sommes bien le 19-5-78

  Je suis conne. Je te donnerai plutôt la lettre quand tu exploseras terriblement. Comme ça tu comprendras peut-être.

  - Ne pas oublier de cliquer sur les images pour lire le texte plus facilement -  

page suivante

 
page précédente
retour lettres
page suivante