LETTRES DANS LES CAHIERS DE MÉMOIRE

1. Cahier n°2 : La lettre de maman.

(14 octobre 1977 - 18 janvier 1978)

- 10 ans et demi -

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Entrée du 20 octobre (jeudi)  (1977)
[...] L’après-midi j’ai eu chant et je suis allée à mon cours de solfège, ça s’est [bien] passé et j’ai fait des petites cartes, c’est un jeu de mistigri, là en face de la page il y a une lettre que maman m’a écrit.
Annick

 

Collée au cahier, lettre de la maman d’Ariane :

14 juillet 1974

 Ma toute petite fille,
Cette lettre, je ne te l’enverrai pas. Tu la liras un jour... plus tard.
 C’est dimanche soir. Tu connais bien cette mauvaise impression du dimanche soir, petite poupée. Et tu me manques. Je me rends compte que tu es ma joie de vivre et que je ne suis dynamique, forte et heureuse que par toi et pour toi.
Et puis, j’ai confiance en toi, en ton intelligence, et ce sens de la réflexion que tu as déjà, si jeune.
- La réflexion, cela veut dire « réfléchir ».
Je m’inquiète souvent à tort à ton sujet. Je t’examine faire des choses et même, je te panique par mon attitude inquiète. Alors que tu es habile et raisonnable.

Ma chérie, ma belle petite fille, j’essaie de te donner tout : une jolie et grande maison, des livres, du bonheur, un papa même qui t’aime (il est tout trouvé,  mais je veux que tu le vois le plus possible) ; il me manque parfois la patience. Je sais bien t’écouter ; tu racontes de jolies histoires, mais pour les grandes personnes, c’est quelquefois dur de s’occuper calmement des petits.
J’ai hâte de te retrouver ma petite, de te serrer dans mes bras, de rire avec toi.
La maison est vide quand tu n’es pas là. Forcément, c’est TA maison. Mais elle est bien belle : bien sûr les choses ne bougent pas et le ménage est fait une fois pour toutes puisque je ne suis là que le soir.
J’ai vu de jolies roses ce matin au Jardin des Plantes, et je cherchais à me rappeler le poème que tu me récitais : poème sur les roses et la rosée.
Merci d’être si belle, si joyeuse.
Je t’aime ma toute petite.

Ta maman Gisèle.