12. Je n'ai pas de parents. Il faut que je prenne sur moi-même. (ENTRÉE 12/12)

Cahier de mémoires n°11 : "Or"

- du 8 janvier 1981 au 26 mai 1981 -

13 ans et demi - 14 ans

(entrée du mardi 26 mail 1981).

Mon manque de copines était d’autant plus accentué que je n’ai pas de parents. Et souvent, je souffre atrocement d’être seule, et en même temps je m’engueule avec Grimm. Je veux dire par là que si j’avais des parents normaux (mon père est normal), je n’aurais pas une telle angoisse vis-à-vis de mes copines. Je suis toujours malheureuse, anxieuse et nerveuse, en même temps que je ne tiens plus debout.
Je me rends compte : il faut que je prenne sur moi-même, que sur moi. Je vais m’aider en me construisant tout un univers, en me projetant sur des héros de ma créaction, m’imaginer une histoire qui serait la mienne comme je fais inconsciemment depuis le début de mon enfance.

           Mais où est mon papa ? *1
           Ma maman ? *
           Mes amies ? *2
           Mes amis ? *3
           Mon chien ? *4
           Non, tu es seule, mais tu continues, et tu es forte.

 * une maman. Ce mot m’est antipathique, je n’aime pas. Maman = berk. Si, j’avais une « mère », je ne l’appellerais plus maman.

*1. papa. C’est drôle mais ... Non, ce n’est pas drôle, mais ce n’est pas le père que je veux. Si bien sûr ! Mais je cherche plutôt une présence féminine.

*2. mes amies ? J’ai toujours eu des problèmes avec elles. Je me rappelle en primaire, je pleurais car je n’avais pas de copines. L’année dernière, même avec Abigaël, je pleurais de jalousie quand elle parlait avec d’autres.

*3. mes amis. Je suis très mignonne, les mecs me regardent. En 3ième, il y en a qui me regardent, mais je ne sais pas comment engager la conversation, et puis même, je fais obsession sur eux car c’est un refuge, et de toute manière, c’est normal les mecs. (j’ai eu mes règles 5 jours avant mon anniversaire)

*4. mon chien. Ma Chloé, cette jolie chienne. Je l’adore, mais elle préfère papa cette idiote, papa qui s’en fout plutôt qu’autre chose.

Mais je vais vous quitter, seule, seule comme j’ai commencé ce cahier, seule comme dans la Fraise, le Bleu, les autres…

Mais je le savais pas encore que je n’avais pas de parents…

 

Pour illustrer la page Mathias, voici un dessin de lui:

(dec.80)
« Oui, c’est moi ce cosmonaute »