Mardi - Août 1978
Ma chère noute,
Comme je t’aime !
Je t’écrirai plus souvent s’il n’y avait
pas de problème de timbres. Ils n’en vendent qu’en
distributeur et ceux-ci volent à chaque fois, il faut de la
monnaie, je n’ai plus d’argent.
Ma maman chérie, tu me manques !
Nous sommes allés à Buffalo Bill. Nous avons vu les
Chutes du Niagara. Elles sont immenses. Vues d’hélicoptère,
c’est impressionnant.
Je suis à la page 112 de mon roman policier.
Tu auras de quoi taper à la machine ! Il y aura 300 pages.
Je m’amuse bien mais je manque de sommeil.
Tu te souviens des jolis canards ? Je l’avais mis sur ma bibliothèque
mais il n’était pas assez en évidence. Tu l’as
mis sur la commode noire. Papa m’en a acheté un qui a
son bec parterre. Il est magnifique et doux. J’ai plein de choses.
Nous sommes allés au Grand Canyon.
Je t’aime ma noute. Tu me manques.
Si on me laissait seule, j’écrirais
plus que Balzac. Je n’arrêterais pas. Mon cahier de mémoire
serait rempli en moins d’une journée.
Je mange un peu mal... Tant pis ! Comme je me nourris de lait, c’est
nourrissant.
Je t’aime. Il est tard. Mathias dort. Odile et papa lisent.
Je m’allongerais bien et dormirais mais la lumière marche.
Je récupèrerai en rentrant rue des boulangers.
J’aimerais beaucoup que l’on ait un chien.
Embrasse bien Mamie et grand-père... et toi de ma part !
Je t’aime ma noute, tu me manques. Je suis heureuse.
Annick