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17. 31 juilllet 1985. Ce n’est pas contre toi, mais pour moi.
Paris, le 31 juillet
1985 Je veux absolument te donner des explications pour mon comportement. Je suis irritable car je suis très triste d'avoir quitté mes frères à tout jamais. Et dans ce cas-là, pour un enfant, il lui faut soit être seul, soit être encore avec d'autres frères. C'est pour cela que je recherche absolument la compagnie de Sylvie, d'Anny ou de Sandrine. Je n'ai pas envie de rester avec un gros aigle aussi bon soit-il, ni avec un Richard. Quand je suis partie avec lui au Club, il n'a eu ma compagnie à aucun des repas. Et à la maison, dès que j'ai l’occasion de retrouver des frères, je m'en vais. Vu qu'il y a d'autres gens (Mathias, etc.), papa s'en fiche plus ou moins, mais s'il était seul, ce serait terrible pour lui. Je crois que c'est le sort de tous les parents. C'est pour cela, belle Source que j'adore, que je veux parfois partir. Ce n’est pas CONTRE TOI, mais POUR MOI. Je ne voudrais pas que tu te dises: «Qu'est-ce que je peux bien faire pour elle ?» Tu ne peux rien faire. On pourrait habiter dans un palace avec domestiques et tout, je serais plus heureuse dans un cagibi avec mes frères. C'est le lot de tous les enfants, Source. Je voudrais aussi te remercier pour ta gentillesse qui malgré ma mauvaise humeur me touche beaucoup. Je suis très contente de tout ce que tu fais. Je propose que nous nous écrivions beaucoup en Espagne comme nous l'avons fait en Allemagne. Dès que j'ai l'adresse, je te la communique. Source, excuse-moi pour cette irritabilité.
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