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2. 25 juin 1983. Ce que j'aimerais, c'est que tu vives pour toi. Londres, 25 juin 1983 Malheureusement mon style n'est pas très bon mais je t'écris pour te rassurer quand même car je sais que tu te demandes après tout pourquoi je suis comme ça avec toi. Je te l'ai déjà expliqué et j'aimerais rajouter que je te suis très reconnaissante pour tout ce que tu as fait pour moi. Maintenant, je préfère être avec papa, mais je n'oublie pas tous tes sacrifices. Après tout, je suis devenue ce que tu désirais. Je travaille assez bien, je m’épanouis, je compte faire H.E.C. Donc, tout ton travail n'a pas été inutile. Ce que j'aimerais, c'est que tu sois heureuse, que tu vives pour toi.. Tu as fait un joli travail mais tu dois aussi t'amuser. Oublie-moi, occupe-toi de toi au besoin à mon détriment. Il est important que tu sois heureuse. Sinon, je n'aurai pas la conscience tranquille. Maintenant, je vais te parler de mon séjour. Tout se passe très bien. Le matin, je fais des courses dans Oxford Street ou bien je reste à la maison avec Isabelle. Et l’après-midi, de 2 heures à 6 heures, j’ai des cours d’anglais. Ça n'a aucun rapport avec les cours du bahut. Ils sont tout à fait bien. Le prof me fait vraiment rire. En rentrant, il faudra que tu me donnes un coup de main pour le vocabulaire. Bref, je ne m'ennuie pas du tout. J'ai arrêté «L'éducation sentimentale» tellement ça m’embêtait. Et j’ai commencé « Le voyage au bout de la nuit » de Louis-Ferdinand Céline. Impressionnant. On en parlera. Je vais rentrer le 3, vers 10 heures, donc je t'appellerai le 4 et on se verra le mercredi (si cela t'arrange). Après, je vais certainement décaniller à la campagne ou à Houlgate. Vas-tu y aller? Bon, chère maman, je te quitte en t'embrassant bien fort. Ariane *
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