Lettres dans les cahiers de mémoire d'ariane grimm

Première entrée du cahier : Mardi 4 novembre 1980. Comme l'année dernière, j’ai ce mec, Monsieur B. (prof d’histoire). Sa réputation est d’avoir des préférences, des chouchous. Je suis vraiment d'accord.
L'année dernière, ça s'était très mal passé. Il m'avait engueulée vraiment en dépassant les bornes et ma mère lui avait écrit un mot que voici:

Monsieur,
Je pense que vous serez d’accord pour que nous ayons une entrevue au sujet de ma fille Annick. Pourriez-vous avoir l’amabilité de me préciser les jours et heures qui vous conviennent le mieux cette semaine. D’avance, je vous remercie.

La mère d’Annick

Madame,
Annick vient de me remettre votre lettre. Excusez-moi de répondre si directement (je suis dans la cour, sans carte de visite). Venez donc me voir demain mercredi matin à 10 heures.
Bien respectueusement à vous.

HB

Mais je vais vous expliquer pourquoi il a eu envers moi cette attitude. Je crois d'ailleurs que je l'ai marqué sur mon ancien cahier de mémoire. Je sortais de 6ème... un peu primaire après tout.
Il avait demandé une carte de géographie à faire, très difficile. Moi, je ne savais pas en faire (c'était en novembre 79 à peu près).
A cette époque, il y avait une fille "Isabelle" qui me gardait. Avec ma mère, elle avait fait ma carte avec une formidable application. Elle avait passé une dizaine d'heures.
Maman avait après coup mis un mot au prof en lui disant que j’avais passé une dizaine d’heures pour la carte.
Il a trouvé (juste d'ailleurs) que c'était cinq fois trop et que c'était du travail pour rien, mais j'avais eu mon 19.
Puis par la suite, j'ai eu des contrôles mais je ne travaillais plus. Il m'a alors engueulée et me foutait à la porte pour un rien. Il déclarait: "Elle a des cahiers super bien soignés, mais elle ne sait même pas ce qu'il y avait dedans!"
C'était vrai. J'avais honte.

Puis un jour, à un grand contrôle, j'avais décidé de tout bien apprendre. J'ai dit des trucs qu'il ne demandait pas. Les trois-quarts de mon contrôle contenaient du hors sujet.
Il m'a collé un 04 pour un autre truc.
Mais jamais de ma vie je ne me suis autant fait engueuler car il avait demandé un truc dans ce genre:
"Racontez les voituriers". Moi, j'avais expliqué que c'était des chauffeurs, et puis je me suis dit ... pour lui expliquer : disons « camionneurs » mais pas du tout dans le sens de quelqu'un qui conduit un camion. Je n'ai pas fait attention.
Lui, il a bondi sur sa proie. Il a sauté sur cette occasion pour me ridiculiser, me bafouer, me faire du mal.
En hurlant et proférant, il a dit: « Je suis scandalisé! Des camions au Moyen-Age! Petite connasse! Si tu n'es pas contente de l'enseignement à Monge, va à Sainte Rosalie, dans un lycée privé! »
Je n'osais rien dire. Bloquée et déprimée, je le regardais, il me menaçait, il était rouge et avait éteint pour une fois sa cigarette car il fume tout le temps.
Et à la suite de ça, ma mère lui a écrit le mot.
Voilà, j'avais besoin d'en parler. Je l'ai dit...

			LETTRES DANS LES CAHIERS DE MÉMOIRE
			5. Cahier n°10 "Fraise" : Lettre de la mère d'Ariane au prof d'histoire (4 novembre 1980 - 6 janvier 1981) - 13 ans et demi -

			Première entrée du cahier : Mardi 4 novembre 1980. Comme l'année dernière, j’ai ce mec, Monsieur B. (prof d’histoire). Sa réputation est d’avoir des préférences, des chouchous. Je suis vraiment d'accord. L'année dernière, ça s'était très mal passé. Il m'avait engueulée vraiment en dépassant les bornes et ma mère lui avait écrit un mot que voici: Paris, le 23 Mars 1980 Monsieur, Je pense que vous serez d’accord pour que nous ayons une entrevue au sujet de ma fille Annick. Pourriez-vous avoir l’amabilité de me préciser les jours et heures qui vous conviennent le mieux cette semaine. D’avance, je vous remercie. La mère d’Annick Madame, Annick vient de me remettre votre lettre. Excusez-moi de répondre si directement (je suis dans la cour, sans carte de visite). Venez donc me voir demain mercredi matin à 10 heures. Bien respectueusement à vous. HB Il s'était humblement excusé ensuite auprès de ma mère... Mais je vais vous expliquer pourquoi il a eu envers moi cette attitude. Je crois d'ailleurs que je l'ai marqué sur mon ancien cahier de mémoire. Je sortais de 6ème... un peu primaire après tout. Il avait demandé une carte de géographie à faire, très difficile. Moi, je ne savais pas en faire (c'était en novembre 79 à peu près). A cette époque, il y avait une fille "Isabelle" qui me gardait. Avec ma mère, elle avait fait ma carte avec une formidable application. Elle avait passé une dizaine d'heures. Maman avait après coup mis un mot au prof en lui disant que j’avais passé une dizaine d’heures pour la carte. Il a trouvé (juste d'ailleurs) que c'était cinq fois trop et que c'était du travail pour rien, mais j'avais eu mon 19. Puis par la suite, j'ai eu des contrôles mais je ne travaillais plus. Il m'a alors engueulée et me foutait à la porte pour un rien. Il déclarait: "Elle a des cahiers super bien soignés, mais elle ne sait même pas ce qu'il y avait dedans!" C'était vrai. J'avais honte. Puis un jour, à un grand contrôle, j'avais décidé de tout bien apprendre. J'ai dit des trucs qu'il ne demandait pas. Les trois-quarts de mon contrôle contenaient du hors sujet. Il m'a collé un 04 pour un autre truc. Mais jamais de ma vie je ne me suis autant fait engueuler car il avait demandé un truc dans ce genre: "Racontez les voituriers". Moi, j'avais expliqué que c'était des chauffeurs, et puis je me suis dit ... pour lui expliquer : disons « camionneurs » mais pas du tout dans le sens de quelqu'un qui conduit un camion. Je n'ai pas fait attention. Lui, il a bondi sur sa proie. Il a sauté sur cette occasion pour me ridiculiser, me bafouer, me faire du mal. En hurlant et proférant, il a dit: « Je suis scandalisé! Des camions au Moyen-Age! Petite connasse! Si tu n'es pas contente de l'enseignement à Monge, va à Sainte Rosalie, dans un lycée privé! » Je n'osais rien dire. Bloquée et déprimée, je le regardais, il me menaçait, il était rouge et avait éteint pour une fois sa cigarette car il fume tout le temps. Et à la suite de ça, ma mère lui a écrit le mot. Voilà, j'avais besoin d'en parler. Je l'ai dit...